S'adapter à son statut de chef d'exploitation
J’ai 40 ans et alors que je travaillais avec mon père sur l’exploitation, celui-ci va partir en retraite. Je vais embaucher un salarié. Ce nouveau statut de « chef » m’inquiète un peu. Mélanie Laidié, coach en entreprise et formatrice, délivre ses conseils pour une transisiotn sereine.
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Devenir patron en agriculture implique beaucoup de changements. Déjà, cela signifie que vous allez sortir du cadre familial. Les parents vont s’effacer, même s’ils ne sont jamais très loin. La relation père-fils pouvait être source de tension, mais elle représentait un cadre rassurant. Vous n’étiez pas seul pour faire face. Dans un premier temps, réfléchissez au relationnel que vous souhaitez instaurer avec ce salarié. Quelle distance envisagez-vous de mettre entre lui et vous ?
C’est parfois compliqué à définir quand on n’a pas soi-même une expérience en entreprise. Discutez-en avec d’autres agriculteurs dans la même situation qui ont déjà du recul. Puis expliquez à la personne recrutée votre façon de voir les choses : « Je préfère vous vouvoyer car j’en ai besoin pour pouvoir me faire respecter », « je préfère tutoyer car nous allons travailler ensemble au quotidien et ce sera plus simple et convivial ». La difficulté est de trouver le bon équilibre entre le personnel et le professionnel, surtout en agriculture où les deux sont imbriqués. Veillez ensuite à la période d’intégration : prenez du temps pour montrer l’ensemble de l’outil de production, pour répondre aux questions. Mettez en place une période de « rodage » où vous serez disponible. Alors que vous travailliez de façon quasi autonome jusqu’alors, vous allez devoir donner des consignes précises. Là encore, investissez du temps pour expliquer clairement le travail, plutôt que refaire le boulot et/ou râler ! Un bon patron doit savoir déterminer ce dont son employé est capable, quelles tâches il peut lui déléguer. Cela implique d’établir un lien de confiance pour que ce salarié soit autonome sur certains postes. Attendez-vous à ce que certaines choses ne soient pas faites comme vous en avez l’habitude. Soyez flexible et sachez vous remettre en cause. S’il y a un souci, restez factuel, évitez le jugement, ne commencez pas vos remarques par « tu as mal fait ça », accusateur, mais par « j’estime que ça n’est pas fait correctement, peux-tu m’expliquer pourquoi ? On prend un café et on en discute » afin de rester dans une posture d’ouverture. Au bout d’un certain temps, si tout se passe bien, montrez de la reconnaissance, sans excès, remerciez, encouragez. Tout le monde a besoin d’un petit boost pour son ego, c’est humain.
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